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Série N&B réalisée entre janvier et mai 2021, une période marquée par les confinements successifs, les couvre-feu et les mesures de restrictions sociales.
D'abord abordée comme une pratique récréative, mon passage à la photographie est également l'occasion de me réapproprier des espaces urbains jusque là vidés de présence humaine; sortir à nouveau cela voulait dire voir de nouveau, explorer la ville et ses contours jusqu’à la moindre ruelle, jusqu’au plus insignifiant terrain vague, pour réapprendre à regarder et à observer différemment un environnement qui n’avait alors plus rien de familier.

"Il fallut d’abord traverser la ville du nord au sud avant de rejoindre l’avenue; avancer au hasard, sans itinéraire précis, suivre un chemin invisible tracé par la ville elle-même, entre-deux non défini d’espaces inhospitaliers, zones franches qui organisent le transit des flux rationalisés entre la périphérie et le centre. J’aperçus une étroite ruelle qui continuait le long d’un bâtiment et l’empruntai pour voir où elle menait. Je découvris une allée secrète, cachée dans l’alignement de plusieurs immeubles. Surplombant les voies ferrées qui traversaient la ville jusqu’au-delà du regard, des urbanistes complices avaient dissimulé là un petit sillon pour quelques promeneurs initiés. Sur l’avenue, les tours impassibles étaient tournées vers l’est, construites à la gloire d’une modernité triomphante. Ville nouvelle qui se rêve en mégalopole conquérante repoussant toujours plus loin les limites de son territoire. Seul l’impressionnant complexe industriel réussissait encore à stopper net cette expansion insatiable. Le bout du monde. La verticalité des édifices ouvrait la perspective à l’avenue qui filait, sereine et arrogante, vers un ailleurs insaisissable."

Extrait du zine

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